UNE JOURNEE AU PIC DE BASTAN
Quelques coups d’essuie-glace effacent les traces d’un vilain brouillard qui nous suit depuis Séméac. La journée s’annonce mal mais, comme bien souvent en montagne, la couche nuageuse d’abord jaunit, puis s’éclaircit et le soleil radieux apparaît lorsque nous montons la rude pente du col du Portet. Au col, une vue splendide s’offre à nous. Nous avons percé l’épaisse mer de nuages couvrant la plaine. Déjà des voitures au petit parking, nous ne serons pas seuls. Rapidement nous prenons le GR 10 qui serpente dans d’immenses prairies et qui commence par descendre de quelques dizaines de mètres, mètres qui couteront chers ce soir. C’est le domaine des grands espaces, celui des vaches et des moutons. Pas un arbre, pas un buisson de genévrier, rien que des prairies. Dommage, quelques remonte-pentes défigurent le site. A écouter les meuglements des nombreux troupeaux, nous comprenons que les bêtes apprécient cette herbe nouvelle et fraîche. Nous dominons un instant le magnifique lac de l’Oule d’un bleu sombre, presque noir et pénétrons dans une zone plus boisée. Les lacs se succèdent, tous plus beaux les uns que les autres. Lac Inférieur, du Milieu, Supérieur, que de bien vilains mots pour ces joyaux si purs ! Au passage, nous jetons un regard sur le minuscule refuge de Bastan, camouflé sous des pins torturés.
La marche devient plus délicate après le refuge. Nous prenons enfin un peu plus d’altitude. Devant nous, depuis longtemps, se dresse notre splendide pic de Bastan, impressionnant de raideur vu des Crambès de Bastan. Le sentier s’est durci pour nous déposer au large col du Bastanet qui nous offre une vue sur tous les lacs vers le Campana. Sans trop de repos, nous attaquons la très rude montée jusqu’à un promontoire, au pied du sentier terminal qui demande un pied sûr et un minimum de précautions. Nous nous engageons dans la goulotte. Facile par temps sec mais pas question de trébucher ici. En quelques rebonds sur la paroi, nous serions vite dans le lac de la Hourquette en contrebas. Sébastien, qui découvre là un autre aspect de la montagne, plus rude, plus exposée, se comporte comme un vieux chevronné. ‘’Même pas peur’’. A la sortie de la goulotte, il faut quand même y mettre les mains et avec précaution car, ici, le rocher est parfois en kit. Quelle récompense au sommet, quel panorama sur 360 degrés. Tous les grands monts sont là avec encore beaucoup de neige. Le Néouvielle, avec ses arêtes, est particulièrement photogénique, le Balaïtous et tant d’autres encore. On ne se lasserait pas de rester là mais il faut quand même rejoindre le promontoire. Si nos yeux sont pleinement satisfaits du spectacle vécu, nos estomacs réclament leur dû avec insistance. Quel bonheur de savourer alors le petit Ricard face à tant de beauté. Beaucoup de groupes arrivent et passent devant nous, mais peu s’aventurent plus loin.
Au retour, nous goûtons aussi au plaisir de savourer au refuge une bière bien fraîche. Sa seule qualité fut d’ailleurs sa fraîcheur… Même sentier, mêmes petites remontées qui cassent les jambes et nous voilà revenus au parking du col de Portet mais que le retour me parut long. Magnifique journée qui nous a donné des idées pour un circuit Montagnol un jour de septembre.
G H juin 2016