Posets
J’ai vu l’autre jour un de ces nombreux groupes bruyants et décidés
S’approcher de mes contreforts sous un ciel azuré.
J’ai tenté de les dissuader d’atteindre mon sommet
En barrant du parking d’altitude la route d’accès
Ce sont 500m de dénivelé imprévus à monter
Qu’ils devront gravir en usant les souliers.
Cela ne suffit pas à entamer le moral des randonneurs
Qui découvrent sur un rocher leur bonheur :
Une fragile Ramonde inattendue belle comme Vénus
Ils parviennent enchantés au refuge Angel Orus.
J’ai ensuite concocté un repas particulier
Dans ce refuge rénové et hospitalier
Avec ces boulettes de viande que les montagnards
Apprécient peu d’après les racontars.
Le lendemain, je les attends sur mon terrain favori
Avec quelques embûches : le passage d’une dalle ici
Là une passerelle peu engageante, tordue, pliée
Puis le canal Fonda ou voie royale qu’ils ont failli manquer
La blanche raideur de la pente les a impressionnés
Sur la neige, crampons et piolets sont exigés
Ils atteignent le col essoufflés et souriants
Mais ils ne sont pas au bout de leur peine pour autant.
La troupe entame alors la dernière portion du trajet
Elle se rapproche de plus en plus de mon sommet
J’ai une arme fatale : ma crête finale un peu aérienne !
Déterminés, ils s’entraident, et au but ils parviennent
Las, les plus craintives n’ont même pas peur
Mais au sommet leurs yeux sont en pleurs.
Tout le monde s’embrasse, certaines déposent sur mon cairn
Un doux baiser qui me flatte et m’émeut, joie interne
Puis ils trinquent joyeusement à ma santé
Je regrette alors mes mauvais tours et vilaines pensées
Je suis fier que m’honorent de la sorte quelques-uns
Et du plaisir qu’ils prennent à reconnaitre mes voisins.
Dorénavant, je serai plus amical avec eux.
Ils s’en retournent un à un, un dernier regard en signe d’adieu
J’aurais aimé qu’ils se soient un peu plus attardés
Ils me quittent trop vite, pressés qu’ils sont de rentrer
Ils disparaissent dans la pente raide de la voie royale
Ils encordent par précaution Fabrice car un crampon s’affale
Certains descendent face à la pente, d’autres en crabe en travers
Glissade de Gérard qui avec un seul crampon galère.
Enfin je leur offre une herbe tendre et accueillante
Pour une pause repas méritée et bienfaisante.
La troupe se partage, certains ce soir chez eux dînent.
Les autres farnientent au bord du torrent lorsque soudain
Jacques semble jouer à saute mouton aussitôt suivi de Régine,
En fait, ils ont des crampes…. leurs bons copains,
Immortalisent la scène et ne leur font aucun cadeau.
De retour au refuge, la troupe fête la réussite de la rando
Régine arrose son premier 3000 avec s’il vous plait
J’en suis fier, du Champagne pour moi… Posets !
Le lendemain, ils entament à regret je crois, la descente
J’ai décidé d’adoucir leur retour.
Une première rencontre fortuite avec Gisèle les enchante
Ils parlent du passé, des anciens parcours.
Une légère erreur de direction leur concède
Un instant magique et furtif : un rusé quadrupède
Dévale tout près d’eux, un renard aussi surpris
Que les randonneurs qui restent tous ébaubis.
Peu après, ils cherchent la Ramonde aperçue à la montée
Par quelques retardataires. Je conviens de les récompenser.
A foison ils photographient ces charmantes
Fleurs de plus en plus nombreuses et élégantes
Des saxifrages à longues feuilles tout aussi étonnantes
Ornent les rochers le long de la descente.
Plus tard, sur la route, au détour d’un virage
Les randonneurs stoppent leurs voitures
Ils me contemplent comme un mirage
Dame, elle est sublime la nature
Je suis paré de mes plus beaux attraits
Sous l’ardent soleil de ce mois de juillet
Une photo souvenir, une lueur dans leurs yeux
C’est leur manière de me dire adieu.
Les randonneuses : Fanfan, Michelle, Pascale, Régine, Sylvie
Les randonneurs : Fabrice, Gérard, Guy H, Jacques, Jean Pierre E. Michel D, Michel G
Les 30 & 31 juillet 2013.
MCA août 2013